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feuilles d'escale à l'étranger

(Ostende)

La mer a l’air sale, et de se dépêcher
les ferries se croisent sans un mot
la neige croque ce qui me resterait de souplesse


Là il faut vraiment atteindre le sable léché, la neige fondue
puis avancer de neuf grands pas tout droit sans tourner yeux ni tête
pour retrouver une réalité de mer
et la nacre qui répand les reflets du couchant en de multiples brillances.

(Great Yarmouth)
sous la surveillance des trente éoliennes dont je ne comprends pas les signes
j’observe au sol la variété de galets
ceux qui ressemblent à de petits paquets de chair parcourue de sang
ceux qui figurent des poèmes dessinés par Dotremont
et ceux qui s’obstinent à être des cailloux
oui, à de simples cailloux

des cailloux pouvant compter les peines
des cailloux pouvant décompter les espoirs.

(Vienne)

Une femme dans la rue :
vivant, l’autoportrait d’Egon Schiele ;

seuls les chiens au museau rayé
sont admis dans les transports en commun ;

l’employé, sortant du bureau,
tire vivement un bonbon aromatisé à la fraise de sa poche ;

Klimmt : Seurat se serait mis à parler
(à comprendre ?)
(à avoir quelque chose à dire ?) ;

Adèle me rappelle : Woolf souriante ;


l’homme invisible joue du piano chez Diglas.

(Bellagio)

Huit versants confondent leurs flancs
dans la brume vespérale qui baigne eau ciel terre
Ils plongent dans le lac un rêve fragile
hésitant et persistant


ainsi les lumières du soir étagées ou alanguies
Clignement des yeux d’un enfant fatigué
Il s’endort.

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